Le 31 janvier 2020, la Grande-Bretagne a quitté l’Union Européenne (UE), avec à la clé une réduction importante du nombre des anglophones de naissance. De troisième langue la plus parlée dans l’UE, l’anglais a chuté fin janvier à la 17ème place (sur les 24 langues officielles). L’Irlande et Malte ne constituent en effet que 2,6% de la population de l’UE. Désormais, les populations germanophones et francophones de naissance les dépassent largement, ainsi que dans une moindre mesure les hispano- et italophones. (L’auteure de ce blog ne résiste pas au malin plaisir de souligner que la majorité de l’équipe de a-traduction.com fait partie des quatre groupes linguistiques citées ci-dessus).

On peut dès lors légitimement se demander si cette diminution des « native speakers » au sein de l’UE ne devrait pas redistribuer la carte des mandats de traduction et d’interprétation? Pour rappel, la chancelière allemande (qui, ayant grandi en RDA, maîtrise parfaitement le russe, mais non l’anglais) avait insisté pour garder l’allemand comme langue active au sein de la Délégation de l’UE auprès des Nations-Unies à Genève. Le président français Macron ne devrait-il pas avoir à coeur de défendre l' »exception culturelle française » et réclamer qu’on accorde plus de poids à la langue de Molière? La répomse est un « Oui, mais… », car l’anglais a pris le dessus ces dernières années. Un sondage Eurobaromètre révèle qu’environ 40% des personnesn vivant dans l’UE et parlant une langue étrangère manient l’anglais (contre 12% pour le français, 11% pour l’allemand et 7% pour l’espagnol). L’anglais reste aussi la « langue-pivot » (ou relais) pour les interprètes, les traductrices et traducteurs qui transposent un message d’une langue à une autre (partant par exemple du letton par l’anglais pour arriver au portugais). Le résultat est malheureusement navrant: de nombreux rapports ne sont plus publiés qu’en anglais.

Mais le vent est peut-être en train de tourner. Des fonctionnaires européens ont demandé dans une pétition adressées à la présidente allemande de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de pouvoir travailler dans leur langue maternelle ou au moins dans une des deux autres langues officielles autre que l’anglais. Une petite « révolution linguistique » aura-t-elle lieu ces prochaines années à Bruxelles?

Merci aux quotidiens Le Courrier et La Liberté qui ont inspiré ce blog.